Les crises de colère chez les enfants peuvent être à la fois frustrantes et préoccupantes pour les parents. Chaque enfant est unique, et les approches pour gérer ces crises varient en fonction de leur âge et de leur niveau de développement. Voici quelques conseils adaptés aux enfants de 2 et 4 ans pour vous aider à faire face aux crises de colère de votre enfant.
Comprendre la source de la colère
En premier lieu, il est important de comprendre ce qui déclenche ces crises de colère. Les enfants peuvent réagir à une multitude de facteurs : fatigue, faim, déception, ou même un manque d’attention. Selon une étude publiée dans le Journal of Child Psychology and Psychiatry, les jeunes enfants ont souvent du mal à réguler leurs émotions, ce qui peut conduire à des crises lorsqu'ils sont frustrés (Saarni, 1999). En mettant le doigt sur les sources de colère, il sera plus facile d’anticiper et éviter ces crises (et les cris stridents !).
La première étape pour gérer les crises de colère est de comprendre ce qui les déclenche. Les enfants peuvent réagir violemment à diverses situations : frustration, fatigue, faim, déception, stress ou même un manque d'attention.
Les sources principales de la colère chez les enfants de 2 ans
À cet âge, les enfants découvrent le monde et commencent à explorer leur autonomie. Cela peut être une période de frustration intense, car leur langage et leurs compétences de communication sont encore limités. Voici quelques sources courantes de colère chez les enfants de 2 ans :
- Frustration : Les tout-petits peuvent être frustrés lorsqu'ils ne parviennent pas à réaliser une tâche simple, comme empiler des blocs ou mettre un jouet en place. Cette incapacité à exprimer leur frustration verbalement peut conduire à des crises (Saarni, 1999).
- Fatigue et faim : Les enfants de 2 ans ont besoin de routines stables pour se sentir en sécurité. Les changements dans leur routine, ou le fait de ne pas dormir suffisamment ou de ne pas manger à des heures régulières, peuvent rapidement provoquer des crises de colère (Shonkoff & Phillips, 2000).
- Changements environnementaux : Les déménagements, l’arrivée d’un nouveau frère ou sœur, ou même des changements dans la garde peuvent générer une anxiété qui se manifeste par des crises. Une étude souligne que les transitions majeures dans la vie des enfants peuvent être des déclencheurs de comportements difficiles (McEwen, 2000).
- Besoin d’attention : À cet âge, les enfants cherchent constamment l’attention de leurs parents. S'ils se sentent négligés, même pour un court moment, cela peut les amener à exprimer leur mécontentement par des cris ou des comportements difficiles (Denham et al., 2003).
Les sources les plus courantes déclenchants de la colère chez les enfants de 3 à 4 ans
À partir de 3 ans, les enfants commencent à développer un vocabulaire plus riche et à mieux comprendre leurs émotions, mais ils sont encore en train d'apprendre à les gérer. Voici quelques sources typiques de colère chez les enfants de 3 à 4 ans :
- Conflits sociaux : À cet âge, les enfants commencent à interagir davantage avec leurs pairs. Les disputes pour des jouets ou des jeux peuvent rapidement dégénérer en crises de colère, car ils n’ont pas encore pleinement développé leurs compétences en résolution de conflits (Eisenberg et al., 2001).
- Sentiment de perte de contrôle : Les enfants de 3 à 4 ans veulent souvent prendre des décisions par eux-mêmes. Lorsqu’ils se sentent contraints ou que leurs choix sont ignorés, cela peut déclencher des frustrations (Ginsburg, 2007). Par exemple, refuser de porter une veste ou de manger certains aliments peut mener à des explosions de colère.
- Transition entre les activités : Passer d'une activité à une autre (par exemple, quitter le parc pour rentrer à la maison) peut être difficile pour les enfants de cet âge, qui préfèrent la constance. L’anticipation d’un changement sans préparation adéquate peut générer des crises (Kopp, 1989).
- Anxiété et émotions fortes : Les enfants commencent à ressentir des émotions plus complexes, comme la jalousie ou la tristesse. Ne pas savoir comment gérer ces émotions peut provoquer des comportements de colère. Ils peuvent aussi être influencés par les émotions des adultes autour d'eux, réagissant à une atmosphère tendue (Gottman et al., 1996).
Rester calme face à la colère de votre enfant
Garder son calme lors d'une crise de colère chez l'enfant est une démarche essentielle pour désamorcer la situation et enseigner à l'enfant des compétences émotionnelles et sociales clés. Bien que cela demande un effort conscient de la part du parent, notamment dans des moments de stress ou de frustration, cette approche permet de montrer quels sont les comportements appropriés à l’enfant, qui apprend par observation et imitation. Lorsque le parent conserve une attitude sereine, il offre un exemple précieux de gestion des émotions. Des études, comme celles de Gottman et al. (1996), ont montré que les réponses émotionnelles des parents influencent directement celles des enfants, renforçant ainsi l'importance d'une attitude calme et posée.
L’apprentissage des comportements sociaux et émotionnels chez l’enfant commence dès le plus jeune âge. En observant ses parents, il développe une compréhension de ce qui est acceptable ou non dans les interactions avec les autres. Lorsqu’un parent reste calme face à la colère de son enfant, il lui montre non seulement que la maîtrise de soi est possible, mais aussi que les émotions, même intenses, peuvent être gérées de manière constructive. Cet apprentissage se fait de manière progressive, à travers des exemples répétés et cohérents.
Dans le cadre de la gestion des crises de colère, plusieurs enseignements sociaux et émotionnels peuvent être transmis.
L’identification et l’expression des émotions
Lorsqu’un parent reste calme, il peut aider l’enfant à identifier ses propres émotions en les verbalisant. Au lieu de se concentrer uniquement sur le comportement perturbateur, le parent peut dire, par exemple : « Je vois que tu es très en colère » ou « Tu sembles frustré ».
En nommant les émotions, l'enfant apprend à les reconnaître, ce qui est un premier pas vers une meilleure gestion émotionnelle (Saarni, 1999). Cela lui permet également de comprendre qu'il est normal d’éprouver des émotions fortes, mais qu’il existe des moyens appropriés de les exprimer.
La régulation émotionnelle
Le parent, en gardant son calme face à la colère, enseigne à l'enfant une compétence clé : la régulation émotionnelle. Celle-ci consiste à savoir comment apaiser ses émotions sans recourir à des comportements destructeurs ou violents.
Au fil du temps, l’enfant comprend que même si une situation est frustrante ou stressante, il peut choisir de répondre de manière mesurée (Thompson, 1994). Cette capacité à réguler ses émotions sera essentielle dans ses interactions sociales futures, que ce soit à l’école, avec des amis ou au sein de la famille.
Les conséquences des comportements
En posant des limites claires lors des crises de colère, le parent aide l’enfant à saisir l'importance des règles sociales. Par exemple, si l’enfant frappe ou crie, il est important d’établir des limites précises et d'expliquer pourquoi ces comportements ne sont pas les bons : « On ne tape pas parce que ça fait mal aux autres » (Eisenberg, Fabes, & Spinrad, 2006).
L’enfant apprend ainsi que ses actions ont des répercussions sur son entourage. De plus, en introduisant des conséquences proportionnées, comme un temps d’isolement ou une pause, l’enfant comprend que chaque comportement a des conséquences. Ces moments de réflexion lui permettent de développer une compréhension de la justice sociale et de l’importance du respect des autres.
La résolution des conflits
Les crises de colère offrent également l’occasion d’enseigner à l’enfant des compétences de résolution de conflits. Une fois la situation apaisée, il est bénéfique d'encourager l'enfant à exprimer ce qui l'a contrarié et à chercher des solutions alternatives. Par exemple, après une crise, le parent peut demander : « Qu’aurais-tu pu faire différemment pour éviter d’être aussi en colère ? » ou « Comment penses-tu que nous pourrions régler ce problème ensemble ? » (Shure & Spivack, 1980). Ces conversations participent à l'apprentissage de la communication non violente et à la recherche de solutions coopératives.
La modélisation des interactions sociales
Enfin, en restant calme et bienveillant, le parent devient un modèle de comportement social approprié. Il montre à l'enfant comment interagir avec les autres dans des situations difficiles, en mettant l'accent sur l’écoute, l’empathie et la maîtrise de soi. Ces compétences, observées et intériorisées par l’enfant, lui seront d’une grande aide lorsqu'il devra interagir avec ses pairs, que ce soit dans le cadre scolaire ou lors de jeux en groupe (Denham et al., 2003). Cela permet à l’enfant de s’intégrer plus facilement dans la société, en respectant les règles sociales tout en sachant faire face à des situations émotionnellement complexes.
Offrir un espace sûr pour écouter la colère de votre enfant
En premier lieu, il faut créer un environnement sécurisé où l'enfant peut exprimer ses émotions sans jugement ni punition. Il est important de s’assurer que l'enfant ne se blesse pas et qu'il ne mette personne en danger.
Il est crucial que l’enfant sache que ses émotions sont valides et qu'il a le droit de les ressentir. En effet, des études montrent que reconnaître les émotions des enfants contribue à leur développement émotionnel (Denham et al., 2003). Pour montrer à l’enfant que ses émotions sont comprises et acceptées, l’utilisation d’expressions faciales et des tonalités douces est préconisée.
Une fois que l’enfant a pu exprimer sa frustration de manière plus calme, invitez-le à passer rapidement à autre chose en lui proposant un jouet ou une activité pour le distraire. Jusqu’à 2 ans, un enfant a une capacité de concentration limitée : il aura donc tendance à se tourner plus vite vers une autre activité. Vers l’âge de 4 ans, invitez l’enfant à réfléchir à des solutions pour se calmer ou résoudre le problème en lui posant des questions comme : "À ton avis, que peut-on faire pour que tu te sentes mieux ?"
Enseigner des techniques de gestion de colère
Il est important d’intégrer votre enfant dans la gestion de ses crises de colère, afin qu’il apprenne à ne pas se laisser dépasser par ses émotions. Impliquer votre enfant dans la gestion de ses émotions, c’est un peu comme lui donner les clés d’un super pouvoir ! Des programmes comme ceux de La Tribu Happy Kids offrent des outils ludiques qui ont prouvé leur efficacité dans la réduction des comportements agressifs (Bierman et al., 2008).
Pour des enfants de l’âge de 2 ans, on privilégiera des stratégies simples, comme des exercices de respiration. La Tribu Happy Kids a développé « Mon Kit Respire et Souffle ! » pour apprendre à bien respirer aux enfants.
À l’âge de 4 ans, votre enfant sera en mesure d’exprimer ses sentiments avec des mots et d’anticiper sa colère avec des exercices plus poussés de relaxation, comme la respiration profonde. « Mon Kit de Médiation Émotionnelle » développé par la Tribu Happy Kids, à destination des parents comme des professionnels, propose deux types de contenus :
- Pour les parents, des explications théoriques pour adopter la bonne posture en cas de colère des enfants
- Pour les enfants, des exercices ludiques pour améliorer le sommeil, les fonctions du langage et les relations intrafamiliales.
Pour travailler plus spécifiquement la relaxation, « Mes Cartes Bien-Être » permettent de pratiquer de façon ludique la joie au quotidien et de diminuer l’anxiété, source de crise de colère chez l’enfant.
H2 Établir une routine pour éviter la colère de votre enfant
L'importance d'une routine stable est cruciale, surtout chez les jeunes enfants. Des horaires réguliers pour le sommeil, les repas et les moments de jeu contribuent à créer un cadre rassurant et prévisible. En intégrant progressivement des périodes de calme dans cette routine, l'enfant bénéficie d'un environnement propice à un jeu apaisé. Le respect de ces habitudes permet également de limiter les situations susceptibles de provoquer des crises de colère, telles que la fatigue, la faim ou des activités trop stimulantes.
Des recherches menées par l'Université de Harvard confirment qu'une routine bien établie favorise un sentiment de sécurité chez l'enfant, réduisant ainsi les comportements perturbateurs (Shonkoff & Phillips, 2000).
En parallèle, offrir à l'enfant la possibilité de faire des choix simples renforce son sentiment d'autonomie et contribue à réduire les frustrations. Par exemple, lui permettre de choisir entre deux jouets (« Préfères-tu jouer avec les cubes ou avec la voiture ? ») ou de décider entre deux activités (« Tu veux dessiner ou écouter une histoire ? ») peut aider à canaliser son énergie. Dès l'âge de 4 ans, il est possible de proposer des choix plus nuancés, comme l'inviter à réfléchir à la façon dont il souhaite jouer : « Veux-tu jouer calmement avec tes amis ou préfères-tu passer un moment seul pour te reposer ? »
Ces choix, adaptés à son âge et à ses capacités, offrent à l'enfant un sentiment de contrôle sur son environnement, ce qui contribue à apaiser les tensions et à prévenir les colères.
Consulter un professionnel si nécessaire
Si les crises de colère de votre enfant sont fréquentes, intenses ou persistent malgré vos efforts pour les gérer, il pourrait être utile de consulter un professionnel de la santé mentale.
Si vous pensez que votre enfant souffre d’hypersensibilité, La Tribu Happy Kids vous donne les clés pour un premier décryptage de la situation sur son blog.
En conclusion, la gestion des crises de colère chez les enfants entre 2 et 4 ans nécessite des approches adaptées à leur niveau de développement. Avec de la patience, de la cohérence et une communication claire, il est possible d’aider l’enfant à apprendre à gérer ses émotions et à développer des compétences sociales et émotionnelles saines.
Pour plus de conseils de La Tribu Happy Kids, n’hésitez pas à nous suivre sur Instagram !
Sources
Bierman, K. L., et al. (2008). Social-emotional prevention programs for preschool children: A randomized trial. Journal of Consulting and Clinical Psychology.
Denham, S. A., et al. (2003). Social-emotional prevention programs for preschool children. Journal of Clinical Child and Adolescent Psychology.
Denham, S. A., Blair, K. A., DeMulder, E., Levitas, J., Sawyer, K., Auerbach-Major, S., & Queenan, P. (2003). Preschool emotional competence: Pathway to social competence?. Child Development, 74(1), 238-256.
Eisenberg, N., et al. (2001). The relations of regulation to children's emotionality and adjustment. Child Development.
Eisenberg, N., Fabes, R. A., & Spinrad, T. L. (2006). Prosocial development. In W. Damon & R. M. Lerner (Eds.), Handbook of child psychology (pp. 646–718). Wiley.
Ginsburg, K. R. (2007). The importance of play in promoting healthy child development and maintaining strong parent-child bonds. Pediatrics.
Gottman, J. M., et al. (1996). The role of parents in children’s emotional development. Journal of Child Psychology and Psychiatry.
Gottman, J. M., Katz, L. F., & Hooven, C. (1996). Meta-emotion: How families communicate emotionally. Lawrence Erlbaum Associates Publishers.
Kopp, C. B. (1989). Self-regulation: The interplay of development and socialization. In Developmental Psychology.
McEwen, B. S. (2000). Stress, Adaptation, and Disease: Allostasis and Allostatic Load. Annals of the New York Academy of Sciences.
Saarni, C. (1999). The development of emotional competence. Guilford Press.
Shonkoff, J. P., & Phillips, D. A. (2000). From Neurons to Neighborhoods: The Science of Early Childhood Development. National Academies Press.
Shure, M. B., & Spivack, G. (1980). Interpersonal problem-solving as a mediator of behavioral adjustment in preschool and kindergarten children. Journal of Applied Developmental Psychology, 1(1), 29-44.
Thompson, R. A. (1994). Emotion regulation: A theme in search of definition. Monographs of the Society for Research in Child Development, 59(2-3), 25-52.